Salut tout le monde!
En sortant de Trondheim, nous avons de nouveau un fort vent pour nous faire sortir du fjord. Alors que Kay, notre constructeur, nous le décrivait comme des plus ennuyeux (il a dû ramer beaucoup pour en sortir), nous l'avons traversé à toute vitesse, dans les deux sens. En revanche, le lendemain, nous nous réveillons tôt pour profiter de la marée et du courant. Mais le vent nous lâche en début d'après-midi, entre l'île d'Hitra et le continent.
Le lendemain, pas de vent, nous ramons quelques heures, puis notre ennemi favori se lève: le vent du Sud-Ouest. Implacable, il souffle toute la journée et, après deux ou trois traversées de fjord sans avancer vraiment de manière suffisante, nous ramons jusqu'à la côte. Un vrai plaisir de ramer avec un fort vent contraire et des vagues de plus d'un mètre!
Le lendemain, rebelote, aussi après une heure et quelque de voile pour le plaisir, mais sans avance substantielle. Nous ramons jusqu'au port suivant, adossé à une gigantesque raffinerie de pétrole. GRRRR! Nous laissons à grand peine les épées dans les fourreaux et décidons de les laisser vivre encore un peu et partons dévaliser le supermarché. Après les courses, les bourses sont vides. Il est vendredi, milieu d'après-midi et Kristiansund, le prochain port où faire de la musique, est hors d'atteinte...
Après avoir bien réfléchi, nous arrivons à la conclusion que prendre le ferry pour Kristiansund, en laissant "Fenrir" où il est, n'est pas une bonne idée, trop cher. Mais trois minutes plus tard, nous sommes en train de courir pour l'attraper... 400 couronnes pour le passage, de quoi nous nourrir près d'une semaine!!! Le comptable fait la grimace quand il doit puiser dans les billets mis en réserve pour les jours de vache maigre, mais il le fait quand même.
A la vitesse de 35 noeuds de moyenne, nous fonçons vers Kristiansund. (à titre de comparaison, notre bateau n'a encore jamais atteint les 7 noeuds, à part dans le Saltstrau Men, aidé par un des plus forts courants du monde). Débarquant en ville, nous nous baladons un peu, trouvant un pub irlandais où passer la soirée, avec un concert de rock gratuit. Pendant les pauses des musiciens, nous jouons un peu et commençons à rembourser notre passif.
Trouvant un coin abrité sous les terrasses d'une maison, nous passons la nuit et nous nous réveillons à pied d'oeuvre, le samedi, avec un grand soleil et un bon vent du nord. Mais la rue n'est pas pour nous aujourd'hui, occupée par une fanfare, nos seuls concurents réels jusqu'à maintenant. Nous devons leur céder la place: difficile de rivaliser avec des dizaines de cuivres, clarinettes, tambours et autres...
Suivant des conseils recus, nous prenons un bus pour aller dans un grand supermarché un peu en dehors de la ville. Nouvel échec, nous nous faisons jeter par le gérant. De retour au centre, nous profitons de la fin de la fanfare pour finir de rembourser le prix du transport et repartons vers notre bateau en bus. Il monte dans un ferry, pour traverser ensuite une île, puis nous lâcher devant un autre ferry, qui traverse un bras de mer pour nous laisser à une bonne cinquantaine de kilomètres de "Fenrir"...
Heureusement, un providentiel couple de Français du Dauphiné nous embarque dans leur camping car et nous emmène à destination. Il est encore temps de "paqueter" le bateau et de prendre la mer. Comme le soleil se couche autour de minuit et que le vent est bon, nous faisons une bonne avance en cette fin de journée, tout contents d'avoir fait notre virée à Kristiansund et, surtout, d'avoir réussi à en revenir si vite!
Le soir, nous arrivons à Edøy, charmante île avec une église de pierre sur un promontoire. Nous passons la nuit dans la salle d'attente, qui se transforme, en fin de matinée, en bar-restaurant tenu par un couple de personnes âgées. Sur les conseils d'un marin du coin, il nous faut attendre deux heures de l'après midi pour partir, histoire d'avoir le courant dans le bon sens, ce qui nous laisse le temps de jouer pour l'embarquement de deux ferry, gagnant de quoi manger pour la suite et finir de compléter le trou fait au réserve.
Invités à manger par les tenanciers du bar, nous nous remplissons la panse sous l'oeil approbateur des aubergistes. La cuisinière a toujours voulu être journaliste. Aussi, lorsqu'elle appelle le journal, apprenant qu'elle doit écrire l'article elle-même, elle est toute contente, prend du papier et un stylo pour interwiewer le capitaine. Peu avant le départ, son mari prend le bras de Julien. C'est une sorte de médium, bien connu dans les îles, dont le frère est un guérisseur renommé. Après quelques secondes, Julien se sent tout flagada, alors que le vieux est agité d'un léger tremblement. Je ne vous dirai pas les révélations qu'il a faites à Julien, sauf qu'il a vu que nous arriverions vivants au bout de cette expédition, mais qu'elle ne se déroulerait pas exactement comme nous l'avions prévu. Alors, nous voilà rassurés!
Les jours suivants, bon vent, bon plan dans les petits ports où nous arrivons, une cuisine, douche à disposition et, j'allais oublier RAGNAR THORSETH, l'initiateur du "Saga Siglar", un knarr splendide qui a fait le tour du monde plusieurs fois, navigué sur toutes les mers du globe pour couler en 92, lors de l'exposition de Séville, en Méditerranée, à cause d'une tempête imprévue.
Pour ses vieux jours, Ragnar s'est procuré une île où il a installé les restes de son bateau et a construit un petit centre touristique avec accueil, logement, salle de banquet... Ragnar lui-même n'est pas là, mais nous rencontrons son fils qui nous donne les cartes nécessaires à nos prochains jours de navigation.
Pour l'heure, nous sommes à Ålesund, belle ville où nous attendons samedi pour jouer dans la rue. L'express côtier, une sorte de building flottant, arrive plusieus fois par jour au port. Nous allons accueillir les passagers en musique quand ils mettent pied à terre et gagnons ainsi de quoi subsister en ville. Vendredi, nous allons peut-être faire un petit concert dans un pub de la ville et samedi, après la musique de rue, nous reprenons "Fenrir" pour traverser la baie, rejoindre Giske, où nous sommes attendus pour les festivités vikings en préparation.
On se réjouit d'avoir de vos nouvelles, encore plus de vous revoir tous, mais ce n'est, malheureusement, par encore pour tout de suite.
Francois et Julien.
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