Eire, si proche, mais si loin... |
13.08.2003 |
A skye, nous avons été reçus commes des papes, une chambre chacun, avec une salle de bains (avec baignoire!). Ca n'a l'air de rien, mais un bain chaud, ça ne m'était plus arrivé depuis Bruxelles, début avril...
Et, pour les mauvaises langues, oui, nous nous lavons quand même, avec de l'eau froide ou des douches quand l'occasion se présente. En fait, ces derniers temps sont les plus propres de tout le voyage, vu que le passage du canal comportait des haltes obligatoires vers les écluses, munies de toutes les commodités. Carrément du viking de luxe, à part les vents contraires!...
Morag nous a fait visiter de nombreux sites intéressants, des pierres dressées surtout, les ruines d'une ancienne église fondée par Columkil, Colomba en anglais, à ne pas confondre avec Colomban. Elle connait nombre d'histoires et de chansons en gaelique, dont je vous tire celle de Mary Seventeen Stones.
Ca se passe au XIXe, à Skye et ailleurs en Ecosse. Comme à toute époque, les riches opressent les pauvres. La situation arrive à un stade critique, car les petits agriculteurs ne peuvent plus continuer à exploiter leur lopin de terres, chassés qu'ils sont par de puissants seigneurs qui leur achètent le terrain, de manière souvent peu avouable et à des prix dérisoires.
Dans ce contexte de création de grandes propriétés au détriment des petites, Mary Seventeen Stones fait figure d'héroine locale. Son nom vient de son poids énorme, une "stone" est une unite de mesure de poids dont je serai curieux d'apprendre l'équivalent en kilo. En tout cas, 17 pierres, c'est gros, genre 189,3kg, par exemple.
Toujours au premier rang quand il s'agit de manifester pour la cause, la bouche grande ouverte, elle a rabattu le caquet de plus d'un officier, et même de certaios lords aussi, elle se comporte maintenant comme une Lady, et se fait respecter comme telle.
A l'époque, à Skye, pour faire ses courses, on fait du bateau stop, et ça ne pose pas de problème, mais imaginez un peu quand vous êtes dans un petit bateau, genre "Fenrir" au hasard, et que vous voyez 189,3 kg de chair fringante s'installer dans le bateau, étalant ses multiples paquets autour...
Impossible de la faire bouger si elle ne veut pas et il vous faut donc ramer avec tout ce poids en plus. Mais le pire, c'est depuis qu'elle se prend pour une Lady. Son parapluie se déplie à la moindre occasion; la moindre goutte de pluie et hop, deux mètres carrés de toile qui freinentle bateau; un rayon de soleil, rebelote, car Madaaame ne veut pas abimer son teint de pêche.
Heureusement pour nous, nous n'avons encore jamais eu de stoppeuses de cette envergure. Les seuls que nous ayons pris pour l'instant sont un duo de jeunes tchèques, que nous avons amenés dans un château du Loch Ness, leur évitant ainsi une dizaines de kilomètres de marche.
Maintenant, depuis Oban, l'Irlande est toute proche, moins de cent milles, mais il va falloir en ramer les trois quarts, sinon plus, contre le vent, avec des vagues plus hautes que nous, des tourbillons, des marées deux fois plus hautes qu'en Norvège, un vrai plaisir!
On est encore à peu près entier, à part un poignet douloureux, le gauche, pour François, et un os de la main gauche, pour Julien. Ramer contre les éléments laisse quand même des marques. Le seul avantage dans tout ça, c'est que plus les marées sont importantes, plus les courants sont forts. Ca veut dire que, deux fois par jour, nous avons droit à quelques heures d'aide sous-marine. Hier on a fait des pointes à passé 7 noeuds à la rame, le double de ce que l'on fait par temps calme, sans courant. Evidemment, quand la marée s'inverse, c'est mieux d'avoir prévu le coup, et d'être à terre, en train de se "mitoner" un bon petit plat revigorant, attendant la prochaine.
Un p'tit mot pour les fans de musique irlandaise. Quand on a fait de la musique dans la rue à Fort William, nous avons été invités à une session, pour rencontrer le piper de Lunasa. Je ne connaissais pas, mais Julien dit que c'est même mieux que Dervish. En tout cas, pas à dire, il sait jouer et il nous a invité chez lui dans le Nord Ouest.
Grosses bises a tous.
|